Pollution de l’air en salle informatique : à chaque catégorie de menace son type de protection

Les organisations sous-estiment largement la menace que représente, pour la production, la pollution de l’air en salle informatique. En effet, les niveaux à risque se situent bien au-dessous des seuils naturels de perception visuelle et olfactive. Ces polluants constituent pourtant l’un des principaux facteurs de dégradation des composants électroniques dont regorgent les salles informatiques. Les catégories de moyens préventifs d’assainissement de l’air, avant que celui-ci ne soit acheminé en salle, sont subdivisées en deux grandes familles : la filtration particulaire et la filtration moléculaire. Ces deux types de filtration ne se recoupent aucunement. Ils adressent des menaces au comportement physico-chimique spécifique. Par exemple, un filtre à particules, aussi fin soit-il, n’apportera strictement aucune protection contre un excès de sulfure d’hydrogène. C’est pourquoi la combinaison des deux dispositifs peut s’avérer nécessaire en salle informatique. Ne serait-ce que pour souscrire aux CGU des constructeurs informatiques, lesquels imposent des strictes conditions d’exploitation QAI.

Contenu mis à jour le 02 février 2020

Pollution de l’air en salle informatique par les aérosols : filtration particulaire

La filtration particulaire s’intéresse aux particules en suspension dans l’air, c’est-à-dire : aux éléments solides et liquides présents dans cet air. Ces particules affichent un diamètre généralement inférieur au centième de millimètre. Elles sont néanmoins présentes par centaines de millions par mètre cube d’air urbain non traité. Sur le plan mécanique, elles occasionnent une baisse de rendement des dispositifs de ventilation des équipements qu’elles encrassent. Ce faisant, elles contribuent à l’alourdissement progressif de la facture énergétique, tout en générant un risque de surchauffe. Conductrices et chargées d’électricité statique, ces micro-poussières peuvent également générer des courants de fuite indésirables, voire des courts-circuits. De surcroît non-neutres électro-chimiquement, elles corrodent et détruisent peu à peu les éléments de conduction des cartes électroniques.

L’objectif consiste à exclure les particules en suspension du mécanisme d’approvisionnement en air neuf/air froid. Les dispositifs de nettoyage et recyclage de l’air doivent donc les retenir captives.  L’ASHRAE recommande à ce titre l’application du standard ISO Standard 14644-1 classe 8. En pratique, il s’agit de séquencer les dispositifs de filtration particulaire du plus grossier au plus fin. Le soufflage final de l’air en salle bénéficiant au minimum d’une classe de filtration ePM1[50] (selon ISO 16890). Les adeptes du free-cooling préféreront un filtrage encore plus fin, par exemple pour protéger les échangeurs thermiques. Attention toutefois à la maîtrise du TCO de la filtration particulaire, un poste budgétaire à préserver de nombreuses idées reçues.

Pollution de l’air en salle informatique par les gaz : filtration moléculaire

La filtration moléculaire, quant à elle, adresse les composants indésirables à l’état gazeux. Eux-aussi détiennent par nature un pouvoir d’endommagement matériel des circuits électroniques incorporés dans les équipements informatiques. Ce niveau de risque est rehaussé depuis la généralisation de la soudure sans plomb (juillet 2006). A partir de cette disposition réglementaire, les circuits imprimés deviennent encore plus vulnérables aux effets corrosifs de nombreux gaz fréquents dans nos environnements : ozone, sulfures, dioxydes… . Or, les seuils de tolérance aux gaz polluants prescrits par les constructeurs sont la transcription des recommandations ASHRAE. Logique, puisque la plupart de ces constructeurs sont membres de l’honorable organisation. ASHRAE se référant ici au standard ISA Standard 71.04-2013, autant dire que le degré de tolérance des infrastructures IT aux gaz polluants est quasiment nul.

La dégradation des circuits électroniques par corrosion gazeuse se traduit par un phénomène de surchauffe/surconsommation (réduction de la section électrique utile au niveau des circuits imprimés) et par l’apparition de courts-circuits. Contrairement à une contamination particulaire, le micro-dépoussiérage curatif s’avère inopérant. C’est pourquoi il convient de piéger les molécules gazeuses nocives au niveau de filtres spécifiquement conçus pour ce faire, complémentaires des filtres particulaires et utilisant les propriétés physiques et chimiques du charbon actif.

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